Protection des migrants : entretien avec Fatoumata Coulibaly, présidente de l’Association des femmes battantes en Mauritanie

Dans cet entretien de la plateforme Citizen lab Mauritanie, nous avons tendu
notre micro à Fatoumata Coulibaly, une migrante malienne. Elle vit en
Mauritanie depuis une trentaine d’années, et préside l’Association des femmes
battantes en Mauritanie. Une structure dont le siège se trouve à Nouakchott et
qui se mobilise pour l’accompagnement juridique et soutien aux migrants
depuis 2019.

Citizen lab Mauritanie : Quels sont les domaines d’intervention de vos
actions ?

Notre association a été créée le 19 novembre 2019 et a été officiellement
reconnue en décembre 2022. Nous faisons de la protection, l’accompagnement
juridique, nous avons un foyer d’accueil de migrant ou réfugiés. Nous donnons
des conseils notamment par rapport aux cas de violence conjugales, violences
basées sur le genre, cas de traite. Dans ce sens, on est accompagnement
gratuitement par Me Fatimata Mbaye de l’Association Mauritanienne pour les
Droits de l’homme (AMDH). Nous sommes aussi aidés par l’OIM (Organisation
Internationale pour les migrations) en matière de soin médical, protection,
retour volontaire au pays entre autre.


Citizen lab Mauritanie : Quel commentaire faites vous de votre accueil en
Mauritanie ?

Nous saluons l’état mauritanien, pour le climat de paix d’entente de bon
voisinage et de vivre ensemble. La Mauritanie est notre second pays. En tant
que migrant on doit connaître nos droits en vivant ici ainsi que nos devoirs pour
les respecter. Quand tu vis dans un pays d’accueil ; il est obligatoire de
connaître les lois en vigueur. En tant que migrant on a aussi des droits .


Citizen lab Mauritanie : Vous vivez en Mauritanie depuis une trentaine
d’années, quelle différence y-a-il entre vos conditions de séjour de
maintenant par rapport à avant ?

Il y a beaucoup de différence entre les deux. Avant il y’ avait beaucoup de
problèmes par rapport à maintenant. Il y a eu l’allègement de l’obtention de la
carte de séjour. Il y a des refoulements mais cela est dû aux cas de migration
clandestine. On a des problèmes aussi par rapport à l’obtention de l’état civil.
La plu part de nos enfants sont au chômage ou dans le domaine informel. On a
échos que l’OIM travaille pour un projet pour faciliter le travail des migrants

avec des termes. Nous les saluons pour ces efforts. On leur demande encore
allègement de nos conditions de séjour.


Citizen lab Mauritanie : quelle synergie y a –il entre les communautés
migrantes en Mauritanie ?

On se concerte pour gérer les cas de problèmes. Dans ces cas je travaille
beaucoup aussi avec l’Association Mauritanienne des Droits de l’homme
(AMDH) qui nous aide dans la gestion de ces cas.
Citizen lab Mauritanie : comment travaillez-vous avec les autorités
mauritaniennes pour la protection des migrants ?
S’il y a des activités comme les ateliers dans les communes, on nous invite
comme ce fut le cas de la commune de 5 e , El mina, Tevrag Zeina. Nous
répondons à toute invitation d’une commune. Nous saluons aussi l’ONG Terre
des Hommes, qui fait beaucoup de choses pour la protection des enfants
migrants. Cette structure est même partie à l’Ambassade du Mali pour faire du
plaidoyer pour faciliter l’octroi d’état civil et a pris cela en charge. Ce sont des
exemples de collaborations entre nous.


Citizen lab Mauritanie : Comment faites-vous l’accompagnement juridique ?
C’est une procédure qui n’est pas facile. On les accompagne est tant
qu’assistant social, souvent la personne ne connaît pas ses droits. On lui donne
des conseils parmi eux il y a des mineurs. On essaie de trouver des solutions
pour gérer ces cas de procédures judiciaires.


Citizen lab Mauritanie : Quels sont les cas de protection qui vous ont
marqué ?

Je me rappelle toujours du cas où deux hommes les visages masqués ont violés
une fille. On n’a jamais pu connaître leurs identités. C’est un cas qui m’a
bouleversé.
Il y a aussi le cas d’une fille qui a volé les clés de la chambre de sa patronne. Elle
avait tort vraiment, elle a été emprisonnée. Il y a également des cas d’adultère.
Ce sont des cas qui nous marquent à vie.


Citizen lab Mauritanie : Quelles sont vos difficultés ?
Nous souhaitons faire beaucoup de choses en terme de protection mais nous
manquons de moyens pour notamment faire de la sensibilisation pour prévenir

ces cas racontés afin de briser le tabou au tour de ces questions. Il faut
dénoncer ces tabous pour mieux protéger.


Citizen lab Mauritanie : Quel est votre vœu pour une meilleure protection des
migrants ?

Je souhaite la mise en place d’un foyer pour les femmes et les filles vulnérables.
Dans ce cadre de protection, elles pourront bénéficier des aides, orientations,
formation, insertion. On a la volonté de les aider mais on n’a pas les moyens
pour faire cela. Malgré notre mobilisation de 2019 à maintenant, notre
association n’a pas eu de financements de projet. On se débrouille avec nos
maigres cotisations pour répondre aux demandes des migrants., c’est cela
notre grande fierté. L’Ambassade du Mali nous reconnaît aussi et nous réfère
les cas de protection. Nous faisons un travail dont on n’a pas les moyens de
mener, mais grâce à notre volonté, nous restons mobilisés.

Propos recueillis par Awa Seydou Traoré

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