Gouvernance locale:
« Normalement, les jeunes doivent être considérés commedes acteurs, comme des pionniers, dans la conception, la proposition, dansl’action, le suivi et l’exécution » Oumar Baye Niass Expert en décentralisationPour mieux comprendre les tenants et aboutissants de la gouvernance locale,nous sommes allés à la rencontre du jeune Oumar Baye Niass, acteur dumouvement associatif et expert en […]

« Normalement, les jeunes doivent être considérés comme
des acteurs, comme des pionniers, dans la conception, la proposition, dans
l’action, le suivi et l’exécution » Oumar Baye Niass Expert en décentralisation
Pour mieux comprendre les tenants et aboutissants de la gouvernance locale,
nous sommes allés à la rencontre du jeune Oumar Baye Niass, acteur du
mouvement associatif et expert en décentralisation.
Citizen lab Mauritanie : Qu’est la gouvernance locale ?
C’est une action pour gérer, gouverner une localité très bien déterminée. Cela
peut être sa position géographique, ses ressources dont elle dispose. On met en
place des organes, des institutions qui sont sensés assurer nos ressources. Cela
nécessite des garde-fous sur la transparence, la responsabilité de la gestion de
nos ressources.
Citizen lab Mauritanie : Pourquoi la gouvernance locale ?
C’est dans les soucis de créer une dynamique participative des citoyens qui
contribuent à la mobilisation des ressources en s’acquittant de leurs impôts et
taxes.
Citizen lab Mauritanie : A qui est confiée la gouvernance locale ?
On ne peut confier la gouvernance locale à des tierces personnes. L’approche
doit être collégiale. On désigne des membres qui sont sensés nous représenter
dans les instances décisionnelles.
Citizen lab Mauritanie : Quelles sont ses avantages ?
En terme de gouvernance, il y’a un plus large avantage dans le cadre du principe
de la bonne gouvernance. Non seulement cela va permettre aux élus locaux, aux
citoyens d’être à proximité, de pouvoir connaître les besoins des territoires, de
pouvoir faire participer les citoyens dans le processus décisionnel, même si on
sait qu’aujourd’hui, les textes ne sont pas exhaustifs.
La participation citoyenne à la gouvernance locale, elle est un peu limitée. Si on
prend par exemple l’arrêté 680 du 20 octobre 2013, il permet aux citoyens de se
regrouper, de participer dans les instances de décision entant que organe
consultatif. C’est-à-dire que, ils n’ont pas le pouvoir de dire non, nous somme
contre une orientation, ou une affectation. Ils ne sont qu’observateur. Du
moment que cette participation n’est pas du tout effective, donc la participation
effective à la gouvernance reste carrément mitigé. L’avantage aussi dans le
cadre de la gouvernance locale ; c’est la responsabilité et surtout la transparence
dans la gestion les finances publiques. il faut qu’il y’ait plus de traçabilité, que
les budgets soient affichés, les délibérations soient affichées. Les orientations
que la commune ou les élus envisagent de faire, ou qu’ils prennent des
décisions, tout ceci doit être mentionné quelque part et permettre aux citoyens
d’avoir une lecture transversale, sans pour autant, chaque fois se rendre à la
commune pour avoir des informations. Cette donne permet de favoriser un
développement local proprement dit, en termes de création d’idées, qu’en termes
d’accompagnement, en termes de soutien des initiatives. Donc, dès qu’il y’a
toutes ces bonnes pratiques, et que le mécanisme soit respecté du début à la fin,
je pense que, nous en sortons tous gagnants. Parce, l’objectif final, c’est
l’amélioration des conditions de vie des populations.
Citizen lab Mauritanie : Quelles sont les limites de la gouvernance locales ?
Comme je l’ai mentionné tantôt via l’arrêté 680, qui permet, à moins qu’il y ait
carrément une portion de participation à la gouvernance locale, cet arrêté, ne fait
que faire participer le citoyen à un stade limité, en tant qu’organe consultatif.
Du moment que le citoyen ne peut pas participer aux instances de décision, qu’il
ait son mot à dire, qu’il donne des suggestions et des recommandations et
critiques ;donc, l’approche de la gouvernance proprement dite n’est pas du tout
inclusive au vu des textes.
D’autres limites aussi ; il n’y aura pas une dynamique derrière la participation
citoyenne. Du moment que ces textes-là ne sont pas du tout objectifs, la
participation des citoyens ne sera pas effective. Donc, ces citoyens, ne verront
aucun intérêt de devoir participer à la mobilisation des ressources, à la prise
d’initiatives, d’apporter sa contribution sur la planification, sur la gestion, sur le
suivi des chantiers au programme.
Donc, on peut dire que tous ceux-ci sont des obstacles qui freinent les principes
de la bonne gouvernance tant recherchés. Et que partant, il n’y aura pas une
bonne coordination, collaboration, une bonne harmonisation entre les acteurs.
Ce qui fait que, il y’a des conflits qu’on peut parfois noter entre les élus et les
citoyens.
Citizen lab Mauritanie : Quel est le rôle et la place des jeunes dans la
gouvernance locale ?
En ce qui concerne le rôle et la place des jeunes dans la gouvernance locale, je
pense que c’est un rôle primordial que les jeunes peuvent jouer dans le
processus de la gouvernance de manière générale, non seulement locale. Comme
je l’ai dit, même s’il y’a des dispositifs qui permettent la participation des
jeunes, mais en tant que organe consultatif, cela ne permet pas de booster un peu
leurs limites pour pouvoir apporter leurs touches, leurs visions, leurs savoirs
faire, leurs contributions, leurs capacités de redynamiser de mobiliser la
population dans telle ou telle action. Donc, c’est cette dynamique-là qui manque
un peu, du moment que les textes ne sont pas exhaustifs pour permettre
carrément une participation proprement dite de la jeunesse.
Nous avons une jeunesse très dynamique, très ambitieuse, qui a la volonté de
faire, mais qui est un peu freiner par les autorités ; qui un peu s’accaparent des
décisions, du pouvoir. En fait, la jeunesse n’est pas considérée comme acteur
dans ce cadre-là, mais plutôt, en tant que bénéficiaire. Ça doit être à l’inverse.
Normalement, les jeunes doivent être considérés comme des acteurs, comme des
pionniers, dans la conception, la proposition, dans l’action, le suivi et
l’exécution. C’est dans ce cadre qu’il y aura une bonne dynamique et une bonne
atteinte des résultats envisagés dans le cadre de la gouvernance proprement dite.
Existe –t-il une relation entre gouvernance locale et développement local ?
Effectivement, il existe une relation entre la gouvernance et le développement
local, ces deux concepts vont de pair. Le premier concept qui voit le jour au-delà
des institutions communales ; c’est le développement local. Par ce que les
communes sont censées apporter des améliorations aux conditions de vie des
populations à l’échelle locale.
Étant donné que le pouvoir ne peut pas tout faire de ces localités-là. Donc, cette
délégation de pouvoir, fait que les élus prônent un développement local. Mais,
cette délégation de pouvoir reste limitée. La décentralisation, elle n’est pas du
tout effective. C’est juste une portion de décentralisation administrative. Elle
reste limitée au contrôle, reste limitée aux ressources.
Elle reste également limitée aux agissements de pouvoir carrément prendre des
orientations à l’échelle communale. Cette décentralisation suit la politique du
pouvoir central. Donc, elle est limitée en termes de ressources, en termes de
vision, d’aspiration et d’ambition.
Donc, il y’a une parfaite relation entre le développement local et la gouvernance
locale. et, aussi, on peut considérer la gouvernance locale comme une alternative
par rapport aux défis du développement local, du moment que les citoyens sont
carrément impliqués dans le processus, mais aussi, qu’elle reste limitée.
Citizen lab Mauritanie : Que peut faire la gouvernance locale par apport à
la corruption et la mauvaise gestion ?
En fait, le seul moyen de lutter contre la corruption, la mauvaise gestion ; c’est
les principes de la bonne gouvernance. C’est-à-dire, il faut qu’il y ait des valeurs
à partager. Qu’il y est une participation effective des citoyens. Il faut que les
principes de bonne conduite, qu’on peut appeler, réglementation en vigueur qui
régissent le cadre local soient mis à la disposition des communautés, de la
population, qui réside dans ces localités, et qui ne sait pas les domaines de
prérogatives de leurs jury à l’échelle locale.
Cela peut être une source de conflits et de désintéressement de ces citoyens-là. Il
y’a aussi l’éthique et la déontologie de nos élus, qui sont non seulement des
administrés à l’échelle centrale, qui sont aussi des administrateurs à l’échelle
locale, doivent se rendre à l’évidence, qu’ils sont censés impliquer le citoyen. Il
faut aussi qu’il y ait une bonne transparence dans la gestion des ressources,
l’efficacité, l’efficience, et aussi beaucoup de rationalisme en quelque sorte.
On ne peut pas prendre des millions, les mettre dans des projets sans
planification, sans coordination, sans implication, sans suivi, sans contrôle. Tout
ceci, c’est un processus qui biaise la gouvernance proprement dite. Des fois,
c’est synonyme de corruption, de mauvaise gestion, du moment qu’on refuse
d’afficher les budgets, qu’on refuse de faire des appels d’offres ouvert pour qu’il
y ait une participation effective des personnes qui sont dignes de foi.
propos recueillis par Moukhtar Gaye