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Migration des jeunes mauritaniens vers les USA:

« cette vie meilleure,  s’ils peuvent la trouver dans leurs propres pays , c’est fort probable qu’ils vont rester » , Mohamed Diop , Journaliste

Depuis un certain temps la Mauritanie connaît un départ massif des jeunes mauritaniens vers les États-Unis .   Dans cet entretien nous recueillons l’avis dujournaliste Mohamed Diop, spécialiste de la question migratoire .Il partage son avis sur ce phénomène et propose des solutions.

CitizenLab Mauritania : Bonjour  présentez vous au Public de citizen lab ?

Mohamed Diop: Bonjour Merci de m’avoir offert l’opportunité de m’exprimer sur votre plate forme.Je travaille pour l’agence de presse privée Mauritanienne Al Akhbar et je suis correspondant en Mauritanie de la voix de l’Amérique; MED1,  et la RFM(Radio Futur Médias) du Sénégal .

CitizenLab Mauritanie : Quel est votre regard sur l’immigration massive récente des jeunes mauritanien vers les États Unis ?

Mohamed Diop : Il est difficile de sortir du contexte global qui pousse vraiment les jeunes à aller vers la migration . Ces jeunes sont à la quête d’une vie meilleure , et ils pensent que le pays comme les États Unis est à la portée de main même si parfois ce n’est pas le cas pour tout le monde mais la plupart de ce qui partent,  ils ont cette pensée. Mais il y’ a d’autres facteurs internes, beaucoup de jeunes peinent à vraiment percer  sur le marché du travail .Nous voyons à Nouakchott beaucoup de jeunes qui manifestent et protestent contre le manque d’emploi. L’autre facteur est que ceux qui ont déjà tenté lamigration  .Parmi eux certains ont réussi quand ils reviennent on voit que leurs vies a changé donc tout cela fait que la jeunesse Mauritanienne pense à partir .

Maintenant pour le phénomène de masse on partait vers l’Europe mais cette fois les gens vontvers les Etats Unis, il y’a plus de garantie d’arriver.Si on connaît les pirogues, les embarcations de fortune vers l’Europe, ils ont un grand risque de mourir en cours de route mais pour le cas des États Unis, on prend un avion de Nouakchott même si on fait beaucoup d’escales. La réussite est plus garantie peut être que c’est ce qui explique que les jeunes partent en masse vers les États Unis.

CitizenLab Mauritanie :Cet axe migratoire est -il sûr daprès vos observations ?

Mohamed Diop: De manière générale, la migration irrégulière n’est pas globalement sûre  parce que y’a des passeurs , il y’a des arnaqueurs .C’est tout un réseau et chacun cherche à gagner quelque chose donc forcément ce n’est pas sûr.On ne peut pas comparer, la migration irrégulière à la migration régulière ou on voyage dans des conditions optimales. Mais tout est -il que, si je dois  faire une comparaison entre la route atlantique qui parte par la mer pour aller vers les côtes espagnoles et la route qui mène vers les États Unis, je pense que aller vers les États Unis est plus sûr.

CitizenLab Mauritanie : Est t’il facile pour vous de traiter cette thématique à l’heure du Fake news?

Mohamed Diop:  de toute façon ,le fake News ne concerne pas seulement, le sujet de migration  .L’impression que j’ai, c’est que, les journalistes doivent vraiment rester professionnel , éviter l’émotionnel surtout au sujet de la migration et  surtout dans le sens d’éclairer l’opinion des migrants.

Quand il y’a des risques quelque part, il faut vraiment leurs dire clairement voici les risques et leurs expliquer également quels seraient les voies alternatives pour une migration régulière ,certains ne le savent pas. 

Revenant sur les fakes News, il faut vraiment avoir le sens de responsabilité d’ailleurs si on parle d’éthique et de déontologie journalistique,ce n’est pas pour rien qu’on en parle . Je pense en tant que journaliste , on est appelé à respecter ces règles de déontologie et d’éthique, avoir le sens de responsabilité et de professionnalisme,. I faut savoir que ceux qui partent sont des humains, ils ont juste choisi le chemin de la migration et c’est un phénomène tout à fait naturel.

CitizenLab Mauritanie : Quel impact socio-économique ce départ cause t-il ?

Pour parler de l’impact socio-économique, il faut l’avouer dès le départ je ne suis pas économiste  mais l’impact vient sur le long terme. Quand ces migrants s’installent aux États Unis et commencent à travailler ,qu’ils peuvent envoyer de l’argent d’ailleurs il y’a un pourcentage très important de transfert d’argent que font les migrants vers leurs familles de pays d’origine. Donc c’est une masse financière importante qui peut booster l’économie du pays .mais il y’aégalement cette fuite de cerveaux , car parmi ceux qui sont partis , il y a des diplômés, des fonctionnaires etc…ce savoir va plus servir finalement aux États Unis pas à la Mauritanie donc il y’a ce côté que nous allons perdre .

 CitizenLab Mauritanie Selon vous quelles solutions doivent être prises par l’état pour  faire face à cette problématique de façon pérenne ?

Mohamed Diop : la question de la migration aucun pays ne peut régler cela de manière définitive parce que c’est un phénomène naturel c’est régis également  par des lois .

Maintenant peut être qu’on peut atténuer et limiter les départs , on peut mener une politique de jeunesse comme je l’ai déjà dit, les jeunes partent parce que ils sont à la recherche d’une vie meilleure, mais cette vie meilleure,  s’ils peuvent la trouver dans leurs propres pays , c’est fort probable qu’ils vont rester . Mais là aussi  il faut que l’état puisse vraiment avoir une politique générale  qui s’étale sur le long terme pour retenir la jeunesse .

citizenLab Mauritanie : Quels conseils lancezvous aux jeunes Mauritaniens candidats à la migration vers les USA ?

Mohamed Diop : Tout ce que je peux dire en premier c’est que si quelqu’un décide de partir il faut qu’il évalue  les risques , connaître vraiment la route , mesurer vraiment  tout le  danger et évaluer si cela vaut le coup de partir.  Si en partant aux États Unis on peut perdre sa vie pour moi cela ne vaut pas le coup. Car au final, on part pour chercher de la richesse mais si on meurt on peut plus rien faire .

Donc il faut vraiment savoir évaluer les risques et tenter les voies régulières , peut être que beaucoup n’ont pas la chance de migrer régulièrement mais il faut toujours tenter. 

Les jeunes doivent comprendre également que l’occident ne s’est développé en un seul jour Les pays occidentaux se sont développés a partir d’idées, c’est à partir de pensées qu’ils ont pu concrétiser un projet de développement . 

Donc notre jeunesse qui sort des universités peut apprendre et même changer le monde en réfléchissant en étant  créatif et en développantdes idées . On ne doit pas rester tout simplement dans la théorie, on doit aller de la théorie à la pratique pour que les choses puissent changer.

Un entretien de Djiefoulbe Ba

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