Éducation : apport de l’enseignement privé. Entretien avec El Hadj Malick Niang directeur de l’école privée AlIbda (Nouakchott Nord)

Dans cet entretien nous sommes à l’écoute de l’école privée Al
ibda qui se trouve dans la wilaya de Nouakchott Nord, au
niveau de la commune de Riyadh. Elle a été créée en 2011.
Elle a commencé réellement à fonctionner en 2013. Son
effectif tourne au tour de 600 élèves. C’est la seule école dans
la commune de Riyadh qui enseigne la série O et L ; c’est-à-
dire la série littéraire. Avec le directeur de cet établissement
privé El Hadj Malick Jibi Niang, nous allons parler de
l’apport de l’enseignement privé à l’éducation en Mauritanie.
Citizen lab Mauritanie : Quel est l’apport de l’école privée
dans l’enseignement en Mauritanie ?
El Hadj Malick Niang : Comme dans tous les pays, je pense
que les écoles privées participent aussi à leur manière au
développement de l’enseignement en Mauritanie. Je pense que
les écoles privées aident l’Etat à désengorger l’école publique.
En outre, les écoles privées participent au renforcement de la
capacité intellectuelle de nos élèves.
Citizen lab Mauritanie. Avez-vous une idée de l’année où
les écoles privées ont commencé à ouvrir en Mauritanie ?
El Hadj Malick Niang : Je n’ai pas la date exacte ; mais je
pense que les écoles privées ont commencé à enseigner
pendant la décennie 1990.
Citizen lab Mauritanie : Comment expliquez-vous la
multiplication des écoles privées ces dernières années ?
El Hadj Malick Niang : Effectivement; c’est un constat
unanime. La multiplication des écoles privées, c’est la
responsabilité de l’Etat, parce que, c’est lui qui délivre les
autorisations; sachant qu’on ne peut pas ouvrir une école
privée sans un certain nombre de conditions et de règles.
Certaines font bien leur travail ; d’autre le font moins . C’est à
l’Etat de prendre ses responsabilités.
Citizen lab Mauritanie : Comment expliquez-vous la baisse
de niveau des élèves ces dernières décennies ?
El Hadj Malick Niang : C’est un constat malheureux. Mais
les responsabilités sont partagées entre les parents, les
encadreurs, et les élèves eux même. Le premier responsable de
l’enfant, ce sont ses parents qui doivent lui donner une bonne
éducation de base, l’encadrer et suivre pendant ses études.
D’autre part, il y a des enseignants qui sont recrutés dans les
écoles publiques et privées qui ne sont pas compétents. Mais
aussi les élèves ne sont plus studieux, ils ne font pas assez
d’effort. Ils sont distraits et obnubilés par les téléphones.
Citizen lab Mauritanie : L’uniforme ou la tenue scolaire
est-elle vraiment suivie et appliquée ?
El Hadj Malick Niang : D’abord, je tiens à dire que c’est une
très bonne mesure pour dissiper les différences sociales, que
tous les élèves soient égaux. Dans certaines zones les élèves
portent l’uniforme. Et dans d’autres zones, les élèves ne
portent pas l’uniforme. Peut-être, cela est dû à un manque de
sensibilisation et de moyen. Mais aussi, dans certaines écoles,
les directeurs ne mettent pas la rigueur qu’il faut pour imposer
aux parent d’acheter des uniformes pour leurs enfants.
Citizen lab Mauritanie : Faites-vous passer des élèves en
classe supérieure par ce que leurs parents paient bien et
régulièrement ; même s’ils ne le méritent pas ?
El Hadj Malick Niang : Que vous soyez dans une école
privée ou publique, il faut toujours appliquer la «
méritocratie». Tous les élèves doivent être au même pied
d’égalité. Quand on corrige un élève, on ne tient pas compte
de son rang social. Peut-être, il y a certaines écoles qui le font;
mais pour moi, c’est impensable et inacceptable.
Citizen lab Mauritanie ; Les différentes réformes
apportées à l’enseignement en Mauritanie ; qu’Est-ce que
cela vous inspire ?
El Hadj Malick Niang : Il y a eu la réforme de 1967 rendant
l’apprentissage de l’arabe obligatoire à tous les mauritaniens.
Ce qui a suscité une vague de contestation. Ensuite, il y a eu la
reforme de 1973 rendant l’enseignement exclusif de l’arabe
pendant les deux premières années du fondamental, et créant
une filière arabe dans secondaire avec seulement quatre heures
de français et le reste en arabe. Il y a eu ensuite la réforme de
1979 où l’enseignement de l’arabe a été généralisé, en même
temps a été introduit l’enseignement des langues maternelles,
d’où la création de l’institut des langues. Mais,
malheureusement, cette réforme n’a pas pu aboutir malgré
l’importance des langues maternelles, cela a commencé à
porter ses fruits. Cette réforme a été stoppée pour des raisons
que nous ignorons, ou en tout cas, pour des raisons que je ne
peux pas citer ici.
Il y a eu ensuite la réforme de 1999; pour combler les lacunes
des réformes précédentes; elle a uniformiser l’enseignement
qui était divisé en deux entités; à savoir: arabe et bilingue.
Cette réforme préconise l’enseignement des matières relevant
de la science mathématique en français, et des matières
relevant de la science sociale en arabe.
Citizen lab Mauritanie: la discipline dans votre école ;
comment cela se passe ?
El Hadj Malick Niang : La discipline dans les écoles privées
est une grande problématique. Comme nous le constatons
tous, la discipline manque dans les maisons, dans la rue ; les
écoles ne sont pas aussi épargnées. Certains enfants, pas tous ;
sont très indisciplinés. Mais ce dépend aussi des directeurs
d’écoles.
Propos recueillis par Moktar Gaye